En ce 13e anniversaire du printemps noir de 2001 et du 34 anniversaire du printemps berbère 1980, notre pensée est à nouveau axée sur un jeune de notre village Ait Said ou Mayache qui est Tounsi Djamel communément appelé "Djino" tué le 1er avril 2002 lors d'affrontements entre des jeunes manifestants et des éléments de la gendarmerie.

A travers Djamel Tounsi, c'est une pensée pour toutes les victimes de cette insurrection contre le système en place, contre le déni identitaire de démocratie, la corruption, et l'impunité.
"Djino" était la 114 victime d'une longue liste macabre de 126 jeunes ayant péri dans le brasiers de cette révolte de dignité.
Le feu aux poudre a été donné lors de la mort dans des conditions obscures du jeune Guermah Massinissa dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala.
Djamel fait partie de ce groupe qui constituait la fer de lance de cette révolte à travers la région et ailleurs.
Un an après leur déclenchement, les événements du printemps noir ébranlent toujours la Kabylie et l'Algérie. En cette période il y a eu de violentes manifestations à Tizi Ouzou et dans les autres villes de Kabylie pour demander la libération des principaux délégués détenus à la prison de Tizi Ouzou.
Djino faisait partie des groupes de jeunes du village qui sont allés manifester à Tizi Ouzou. Dans une désespérante action de répression le pouvoir avait envoyé en renfort des troupes spéciales de gendarmes en Kabylie. Il s'agit des Groupe d'Intervention Rapide (GIR), des hommes super entraînés sensés intervenir que dans des situation particulières, à l’exemple du terrorisme et la défense du territoire.
Ces troupes spéciales avaient déjà semé la terreur et ont porté atteinte à la dignité des populations la veille à Boudjima, Ouaguenoun , Makouda....
A Tigzirt, le soir de cette manifestation, ces hommes farouches ont été déployé. Ils ont envahit la ville telle une armée de conquérante pour semer la terreur et la désolation.
D'habitude Tounsi Djamel était à l'avant garde des manifestants pour assiéger la brigade de la gendarmerie et demander leur départ. Ce jours là c'était lui le sage parmi les manifestants.
Depuis des heures ils suppliait ses frères manifestants de cesser les manifestations vu le danger qui les guette.
Il est arrivé même aux main avec, eux en vain.
Dans une action désespérante, avec un délégué il est allé voir le maire de Tigzirt pour tenter d'amorcer un dialogue pour apaiser la situation et éviter l’effusion du sang.
C'est en ces moments que Djino a été surpris par une contre-offensive féroce des éléments du GIR.
Prit au piège il avait tenté de s’enfuir en vain.
Un groupe de gendarmes sauvagement violent le cernent, l’immobilisent, et le poignarde sauvagement à plusieurs reprises.
Djino s’effondre au pied d'un arbre face au mur de la sous préfecture de Tigzirt.
Un nouveau martyr vient de tomber face à un système qui ne cesse de détruire l'Algérie depuis 1962.
Cet assassinat délibéré et sauvage avait suscité une vague d'indignation et de mobilisation indescriptible.
Djino avait eu droit à des funérailles d'un héros. Des dizaines de milliers de citoyens l'avait accompagné vers sa dernière demeure.
Tel un saint, Djamel a eu un carré spécial pour dernière demeure. Il est enterré à l'entrée du siège de la mairie de Mizrana. Il est désormais un symbole de lutte pour la démocratie et la vraie Algérie, celle des pauvres, des opprimés, des laissées pour compte et des Chouhda de la Révolution nationale.
"Mourir ainsi c'est vivre" disait le poète.
Son assassinat d'une façon prémédité est un autre point à marquer sur le tableau noir de ce système qui a fait de l'Algérie des Chouhada, un pays malade.
Le combat de Tounsi Djamel et de tous les autres martyrs de l'Algérie est toujours d'actualité. Il s'agit de celui de la lutte permanente pour une Algérie juste prospère, rayonnante, algérienne et libre telle que rêvée par ceux qui l'ont libéré il y a plus de 50 ans.

Gloire à nos martyrs.

Mourad HAMMAMI

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