Par Rachid Hammoudi .
De passage au village Cheurfa , prés de Tigzirt ,ou s' est entrouvert l’écrin de souvenirs
Cheurfa ou se pressent les visiteurs, pourtant moins peuplé, avait plus de prestige. On y organisait aux alentours du Mausolée de Sidi Boubker une fête annuelle. La population de toute la région s’y retrouvait à la saison des semailles. Chaque village établissait ses quartiers dans une maison. A la tombée de la nuit, toutes les places illuminées s’animaient aux rythmes des tambours. Le couscous était disponible partout et l’on pouvait rejoindre sans gêne tout groupe entourant un plat que des serveurs n’oublient jamais de remplir à ras bord de sauce gluante. Des tas de grenades ou de melons attiraient des nuées d’enfants jusqu’ à une heure tardive de la nuit. Les mordus de foot–ball enchaînent les parties au clair de lune.
La Zaouïa où repose le saint homme conserve peu de traces écrites sur sa geste et la nature des miracles qui lui ont valu une solide réputation. Qu’importe on vient célébrer une gloire s’étirant jusqu’au temps du prophète de l’islam. Il importait de mieux connaitre la geste de cet homme de religion que celle de ses ascendants.
La fête annuelle n’attire plus de monde. Cheurfa s’anime seulement en fin de semaine. Beaucoup de femmes continuent à croire aux prodiges et miracles attachés à la seule évocation du lieu. Pour éloigner le spectre de la maladie, tenir en respect la malchance, elles se déchaussent et pénètrent dans le petit mausolée. Elles tournent le dos aux alcôves ou brûlent des bougies et aux murs de céramique. Certaines marmonnent des prières inaudibles en caressant les tissus qui recouvrent le catafalque.
D’autres, indifférentes au recueillement papotent. Elles ne sont pas impudentes au point de répondre aux portables qui continuent de sonner. Elles sortent alors sur une petite esplanade où s’enchevêtrent presque les branches d’un olivier et d’un mucocolier. Leurs rires et simagrées contrastaient avec l’attitude des talebs. Ils ne sont plus nombreux. Ils viennent désormais de régions lointaines. Seul le passage furtif de l’un d’entre eux dans l’étroite cour dallée ou le concert de voix s’élevant d’une chambrette, toujours à moitié entrouverte, trahissent leur présence. Ils ne se mêlent jamais aux visiteurs, qui en signe de piété, immolent parfois un bœuf ou offrent des quartiers de viande aux visiteurs. Ils croyant pouvoir repartir, l’âme purifiée et la volonté raffermie. Cheurfa ressemble désormais aux autres hameaux.
Les enfants ignorent l’existence même de rendez vous annuel d’allégresse et de réjouissances. Il n’est plus attendu dans l’impatience et la fébrilité. Le village maraboutique, comme tous les autres ne refusait plus ses filles aux « Kabyles ».
On a prétendu qu’elles étaient réservées aux hommes se réclament d’une prestigieuse lignée. Qui d’entre elles, oserait agréer la demande d’un « kabyle » au risque d’entraîner quatre vingt dix neuf personnes (le nombre des noms attribués à Dieu) en enfer ? Ces craintes et ces précautions n’ont plus cours chez les nouvelles générations. Elles ont déjà renié tant de choses. Les noms attribués aux nouveaux –nés pour célébrant les grands noms de l’islam sont déconsidérés. Lina, Tania, Samy et Amayas ont remplacé Hamza, Fatma Zohra ou Othmane.
Vous pourriez par politesse au moins remercier l'artiste du tableau intérieur de SIDI Boubekeur ou mieux chercher l'auteur et un petit article ou simplement citer son nom lui ferait plaisir. Mr Tahar ABDELKRIM.
RépondreSupprimerBelle région a visiter
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