A l'occasion du double anniversaire du printemps berbère 1980 et du printemps noir en 2001, nous reprendrons la publication de certains articles relatifs à l'une des victimes du village Ait Said, qui est Tounsi Djamel dit Djino assassiné par les éléments du GIR de la gendarmerie, lors de manifestations à Tigzirt le 1er avril 2002
Plus d´une dizaine de milliers de citoyens ont assisté aux funérailles de Tounsi Djamel, âgé de 26 ans, appelé par tous «Djino». L´inhumation a eu lieu dans son village natal, Aït Saïd dans la commune de Mizrana, dans l´enceinte du siège de l´APC. Il est à rappeler que «Djino» a été tué dimanche au soir lors des affrontements sanglants qu´a connus la ville de Tigzirt.
Des milliers de voix scandaient à l´unisson: «Ulac smah ulac» et «Pouvoir assassin». L´émotion est à son comble à l´arrivée de la dépouille mortelle sur le lieu de l´enterrement. On a du mal à se frayer un chemin à travers cette marée humaine.
Après une minute de silence, l´hymne national, version Matoub, à la mémoire du jeune martyr, a retenti. La mère, le frère du défunt ainsi que les délégués de la coordination locale ont pris la parole pour lancer un appel au calme.
«Mon frère, qui appelait au calme, quelques minutes auparavant, a été lâchement poignardé par un groupe de 7 gendarmes. Chers frères, faites attention, ces escadrons de la mort´´ sont venus pour tuer. Soyons tous unis pour que Djino soit la dernière victime avant la paix», déclare Hamid, le frère de la victime. Il poursuit: «Je lance un message à Bouteflika, notre Président. Au lieu de répondre favorablement à nos revendications, dans son discours, il a descellé la plate-forme d´El-Kseur, et il a fait abattre sur nous une répression inouïe. Qu´il sache que l´Algérie de Djino vaincra.»
Rencontré sur les lieux, le député Madjor Saïd, nous déclare à propos de la situation actuelle de la Kabylie: «C´est une punition qui s´abat sur notre population. Le pouvoir en place veut créer une situation d´exception pour commettre le pire.» Tout en appelant la population au calme et à la vigilance, il poursuit: «Le combat doit continuer pacifiquement et l´implication de tous les citoyens s´impose pour éviter l´embrasement.»
Les funérailles de Djino ont été à la hauteur de son héroïsme et de son amour pour une Algérie meilleure.
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LA TRIBUNE DU 02 AVRIL 2003
La Tribune
An I de l’assassinat de Djamel Tounsi
« L’impunité tue comme les armes »
D 2 AVRIL 2003 H 00:15 A C 0 MESSAGES
Des personnes et organisations de différents horizons ont célébré hier à Mizrana et Tigzirt le premier anniversaire de l’assassinat de Djamel Tounsi dit « Djino » par des éléments de la gendarmerie nationale près du siège de la daïra de Tigzirt moins d’une semaine après le début de la plus vaste vague de répression contre les délégués du mouvement populaire le 25 mars 2002. Des membres de la CADC, des ex-délégués exclus pour violation des textes du mouvement, des parents de martyrs du printemps noir, deux collectifs d’étudiants d’Alger et de Tizi Ouzou, une délégation du MCB conduite par Ould Ali El Hadi ainsi qu’une autre du collectif des femmes du printemps noir ont pris part au programme des activités préparé à l’occasion par la famille de « Djino ». Lors d’un meeting improvisé à l’inauguration de la stèle de la victime au siège de l’APC de Mizrana, les intervenants ont dénoncé l’impunité, exigé que justice soit rendue à toutes les victimes des meurtriers événements de Kabylie et mis en avant la plate-forme de revendications d’El Kseur. Sur le lieu de son assassinat le 1er avril 2002 à Tigzirt-centre, les présents ont déposé plusieurs gerbes de fleurs et observé une minute de silence à sa mémoire et à celle de toutes les autres victimes.Hamid, frère de Djino, a relaté à l’assistance les circonstances de l’assassinat non sans émotion : « Djinou pouvait bien être arrêté et conduit à la brigade par les six éléments de la gendarmerie. Il était seul face à six gendarmes. Il y avait volonté manifeste de l’assassiner. Il y a des dizaines de témoins oculaires qui observaient la scène de loin », a-t-il déclaré. A propos de la stèle au chef-lieu dont les travaux venaient juste d’être commencés, l’orateur dira que « l’ancien maire et l’actuelle APC n’ont pas tenu leur promesse de nous aider ou du moins de nous autoriser à le faire [construire la stèle] », dit-il avant d’affirmer que « la stèle sera érigée de gré ou de force ». Hamid Tounsi ajoutera : « C’est grâce à vous [à l’adresse de l’assistance] qu’on a tenu le coup. Si les armes tuent, l’impunité tue aussi. Nous exigeons le jugement des assassins et de leurs commanditaires. Sans cela, le pouvoir ne peut pas ramener la paix. Son argent ne nous fera pas taire ! Ulac smah ulac ! »
Lakhdar Siad
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LIBERTÉ DU 22 JUILLET 2002
Liberté
Assassinat de Djamel Tounsi dit Djino : la justice militaire se saisit de l’affaire
D 22 JUILLET 2002 H 05:37 A C 1 MESSAGES
Le juge d’instruction près le tribunal de Tigzirt a convoqué, hier, une vingtaine de témoins pour l’instruction de l’affaire Tounsi Djamel dit Djino, assassiné à l’arme blanche par des gendarmes le 1er avril dernier, devant le siège de la daïra de Tigzirt.
L’audition n’a pas eu lieu finalement. Vers 10h30, un commis du tribunal a invité les témoins à entrer voir le juge d’instruction qui, à leur grand étonnement, leur a signifié la dessaisie du tribunal civil au profit du militaire de l’affaire “Djino”.
Le dossier “Djino”, nous a-t-on appris, a été remis à la justice militaire. L’audition des témoins, initialement prévue le 23 juin passé, au même tribunal de Tigzirt, a été reportée au 21 juillet en cours, pour être confiée finalement au tribunal militaire de Blida.
Par Med Ghernaout (Liberté)
LA DÉPÊCHE DE KABYLIE DU 27 MARS 2005
Par
DDK | 27 Mars 2005 | 343 lecture(s)
Commémoration de la mort de Tounsi Djamel dit “Djino”
Les habitants du village Aït Saïd, dans la commune de Mizrana, s’apprêtent à célébrer le 1er avril prochain, le 3e anniversaire de la mort tragique du jeune Tounsi Djamel dit “Djino” âgé à l’époque de 26 ans.
Sa disparition est survenue lors des évènements qui ont eu lieu dans la ville de Tigzirt, entre les éléments de la gendarmerie et les jeunes révoltés du mouvement de contestation en Kabylie. Pour célébrer cette douloureuse remémoration et ce dans la dignité, un programme d’activités a été tracé et dont on peut retenir, un recueillement qui sera organisé sur sa tombe et un autre dans le lieu où le jeune a été assassiné, à Tigzirt. Durant la même journée, seront aussi organisés, des expositions, des matchs de football et de cross, et ce dans son village natal à Aït Saïd, peut-on lire à travers les affiches placardées dans la région.
Il est à rappeler que le jeune Tounsi Djamel, a été la 114e victime d’une liste, de plus de 120 jeunes, qui ont été fauchés à la fleur de l’âge, lors des mouvements de protestation qu’a vécus la Kabylie entre 2001 et 2003.
M. M.
LA DÉPÊCHE DE KABYLIE DU 1ER AVRIL 2007
Par
DDK | 1 Avril 2007 | 469 lecture(s)
La famille Tounsi réclame toujours un procès pour l’assassinat de Djino
Le 1er avril 2002, en plein brasier des événements, Djamel Tounsi, un jeune de 26 ans fut assassiné à Tigzirt lors des affrontements sanglants entre des jeunes manifestants et les éléments de la Gendarmerie nationale. Son assassinat fut atroce, devant une dizaine de témoins oculaires. Quelques jours plus tard, après enquête, les auteurs de ce crime, deux gendarmes, ont été identifiés, arrêtés et incarcérés.
La famille de Djamel Tounsi dit Djino a été convoquée à plusieurs reprises par le tribunal militaire de Blida. A chaque occasion, cette dernière réclame la tenue du procès des assassins du jeune manifestant, dans un tribunal civil à Tizi Ouzou, et rejeté sa tenue dans un tribunal militaire. Mais voilà depuis presque deux ans, l’affaire demeure en suspens. “Depuis maintenant deux ans, il n’y a eu aucune évolution dans l’affaire de l’assassinat de notre frère. Des demandes pour la tenue du procès de ce crime ont été formulées aux instances du tribunal militaire de Blida. Nous ne comprenons pas pourquoi ce mutisme et ce blocage. Pourtant, les auteurs de ce crime ont été identifiés et écroués”, nous a déclaré Hamid Tounsi, le frère de la victime. Cinq ans après son assassinat, la famille Tounsi réitère son appel pour que la justice fasse son travail. “Nous réitérons notre appel à toutes les instances pour que la lumière soit faite sur ce crime et que les auteurs soient jugés par un tribunal civil”, nous a déclaré de nouveau Hamid Tounsi.
Pour rappel, Djamel Tounsi fut la 114e victime des événements du Printemps noir qui ont secoué violemment la Kabylie pendant près de trois ans et ont provoqué la mort violente de 124 manifestants, des jeunes pour la plupart.
Excepté celui de la première victime, Massinissa Guermah, les autres procès pour les assassinats de ces jeunes demeurent en suspens et les familles des victimes réclament toujours justice et réparation.
Mourad H.
kABYLE.COM DU 02 FEVRIER 2003
Les forces de l’ordre leur interdisent la construction d’une stèle : déclaration de la famille de Djamel Tounsi dit Djino
D 24 FÉVRIER 2003 H 00:00 A C 20 MESSAGES
Les forces de l’ordre sont intervenues ce jeudi matin à Tigzirt pour empêcher la construction d’une stèle en la mémoire du jeune martyr Djamel Tounsi tué pa rles gendarmes le 01 avril 2002.
Les frères de Djamel, Hamid, Arezki et Mohand et deux déléguésde la CCDT Moh Said ZEROUAL et Ferhat GHANEM ont été interpellés puis relâchés quelques heures après leur arrestation.
La famille Tounsi adresse une déclaration publique dans laquelle elle indique sa détermination de construire cette stèle.
DÉCLARATION
Juste après le lâche assassinat de mon frère Djamel dit "Djino" par les gendarmes le le 1er avril 2002 au pied d’un arbre jouxtant la clôture du siège de la daïra de Tigzirt, nous nous sommes rapprochés de l’assemblée populaire de Tigzirt dont le but est de réaliser une stèle commémorative.
Fort de l’accord publique du P/APC à l’époque (mai 2002), nous avons présenté un plan de réalisation établi par un architecte agrée à l’issue d’une étude minutieuse prenant notamment en compte la fluidité piétonnièrre et automobile, un site sus-cité et en préservant même l’intégrité de l’arbre.
A l’issue du changement de l’APC et devant les lenteurs précédentes nous avons réactivé notre revendication qui cette fois-ci a trouvé un écho favorable mais toujours verbales auprès du P/APC actuel qui s’était même engagé à fournir les matériaux essentiels, charge à la famille d’assurer les travaux.
Sur cette base et nonbstant les lenteurs persistantes et l’approche de l’anniversaire de l’assassinat de notre cher martyre, nous, la famille Tounsi avons pris décision d’entamer les travaux avec nos propres moyens et la collaboration de la coordination locale et d’un grand nombre de sympathisants au sein de la population en date du 20 février 2003 c’est à dire moins de 40 jours avant le 1er avril de triste mémoire.
Sur les lieux et juste après le démarrage des travaux, deux policiers nous ont approché nous demandant d’arrêter les travaux sur ordre de leur hiérarchie, remettant en cause le caractère licite de notre démarche.
Devant notre refus d’obtempérer et quelques minutes après un renfort de policiers dépechés sur place procèe à mon interpellation ainsi qu’à celle de mes deux frères Arezki et Mohand et de deux délégués de la CCDT en l’occurence Moh Said ZEROUAL et Ferhat GHANEM, nous n’avons été libérés qu’après avoir été auditionné sur pv quelques heures plus tard.
Nous prenons solonnellement à témoin l’opinion publique que nous avons décidé de continuer les travaux. Charge à l’administration compétente d’assumer ses responsabilité quant à la régularisation de la construction ou à son empêchement.
Nous tenons à attirer l’attention de l’aministration compétente que s’opposer à la réalisation de cette stèle c’est assassiner "Djino" une deuxième fois, chose que nous n’accepterons jamais.
Signé Hamid Tounsi et sa famille
ULAC SMAH ULAC
Sources : Mourad H.